Partenariats pédagogiques
A côté du soutien apporté aux institutions, SNCF appuie soutient des projets associatifs, incluant des visites de mémoriaux des camps, des expositions, des séminaires, ou des ateliers-théâtre, s’appuyant sur des témoignages de la déportation et associant spectacles et rencontres pédagogiques.
Le train de la mémoire
Depuis 1995, un groupe d’enseignants et d’historiens emmène des lycéens visiter les camps d’Auschwitz et de Birkenau en Pologne. Constitué en association loi 1901 en 2013, ce « Train de la mémoire » a pour but d’entretenir la mémoire de la Shoah auprès des participants tout en les incitant à s’interroger sur leurs responsabilités dans la société.
Ce voyage de plusieurs jours est proposé tous les deux ans à 400 élèves de Première et de Terminale et à 100 adultes de 12 à 14 lycées ou aumôneries. Il est préparé pendant plusieurs mois par des lectures, des visites, des témoignages et des conférences. Le train a été choisi comme moyen de transport par les organisateurs, non pas par imitation de ce qu’ont vécu les déportés, mais afin de mettre à profit la durée du trajet pour faire réfléchir les jeunes participants à l’expérience qu’ils vont vivre et à ce que représente la Shoah. Tables rondes, discussions, animations les mobilisent durant le voyage et se poursuivent lors du séjour en Pologne et durant la visite des mémoriaux des camps. À leur retour les élèves dressent un bilan de cette expérience inédite et la partagent sur le site de l’association.
SNCF est partenaire de cette initiative.
En savoir plus sur le Train de la mémoire : http://traindelamemoire.fr
Le convoi 77 vers Auschwitz
Le 31 juillet 1944, le convoi 77, dernier grand convoi de déportés de Drancy, emporte vers le camp d’Auschwitz-Birkenau 986 hommes et femmes et 324 enfants.
Sur les 1 310 déportés, 836 sont, dès leur arrivée à Birkenau, dirigés vers les chambres à gaz. À la fin de la guerre, en mai 1945, seuls 250 déportés (157 femmes et 93 hommes) auront survécu.
Les familles et amis des déportés du convoi 77 ont créé une association, Convoi 77, afin de perpétuer le souvenir des déportés et de retracer leur histoire, de contribuer ainsi à la recherche et à l’enseignement de la Shoah et de rendre accessibles aux familles, aux chercheurs et au grand public tous les documents disponibles relatifs à ce convoi.
Plusieurs centaines de destins individuels ont déjà pu être retracés, à l’aide de papiers personnels, de photos, de témoignages. Mais des centaines d’autres n’ont pu être encore documentés, d’une part parce que les déportés du convoi 77 étaient originaires de 35 pays différents et, d’autre part, parce que des familles entières ont été assassinées sans laisser aucun descendant pouvant faire vivre leur mémoire. L’association dispose cependant pour chaque déporté des informations de base qui pourraient permettre de retrouver leurs traces : nom, prénom, nom de jeune fille pour les femmes mariées, date et lieu de naissance.
Le « Projet européen Convoi 77 »
D’où l’idée de proposer à des collégiens et à des lycéens (classes de Troisième à Terminale), dans chaque pays concerné, de rechercher dans leur ville ou village les traces de ces personnes disparues qui naquirent et vécurent là où ils vivent aujourd’hui, que leurs arrière-grands-parents ou grands-parents ont peut-être côtoyées.
Encadrés par leurs enseignants, ces jeunes réalisent une enquête qui débute à la mairie ou aux archives locales et les conduit vers les lieux où ces personnes ont grandi, étudié, travaillé. Ils récoltent des témoignages, tout en développant leurs connaissances sur leur environnement et leur histoire. Sur la base des informations et des documents réunis, chaque classe rédige la biographie d’un déporté qui sera ensuite mise en ligne sur le site de l’association.
Grâce à cette démarche, des milliers de jeunes Européens sont en mesure de mieux comprendre la Seconde Guerre mondiale et la Shoah. Les premiers projets pilotes se sont déroulés en France, en Allemagne et en Belgique au cours du deuxième trimestre 2016.
En France, le « Projet européen Convoi 77 » a été́ lancé officiellement le 27 janvier 2017 au ministère de l’Éducation nationale. L’ensemble du projet se déroule sur une durée de 3 à 5 ans.
SNCF est partenaire du projet aux côtés des ministères de l’Éducation nationale et de la Défense, de la Mairie de Paris, de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, de Sciences Po, etc., ainsi que de l’Union européenne.
Le site de Convoi 77 : https://convoi77.org
The Beit Project, une école nomade dans la ville
Lancé en 2011 par David Stoleru, architecte français, The Beit Project répond à la nécessité de créer un dialogue entre des jeunes issus de milieux sociaux-culturels différents grâce à l’histoire de leur ville.
L’idée force de The Beit Project est d’utiliser la ville et son histoire pour débattre des grandes questions contemporaines et bâtir un avenir commun. Il vise à sensibiliser les jeunes à la pluralité et à la diversité culturelle au travers de la découverte et l’interprétation de lieux de patrimoine liés à l’histoire, lointaine ou récente, de leur ville. Il mène notamment un projet relatif à la transmission de la mémoire des lieux et à l’éducation à la citoyenneté intitulé « L’École Nomade de la Citoyenneté ». De jeunes élèves venus de milieux socio-culturels et d’établissements différents, publics et privés, du centre et de la périphérie, laïcs et confessionnels, se rencontrent au sein d’une école éphémère qu’ils construisent eux-mêmes. Sur deux jours et par petits groupes, les élèves travaillent en binôme à rechercher les traces historiques encore visibles du passé dans l’espace urbain, traces qu’ils interprètent et mettent en connexion avec des thèmes contemporains en allant à la rencontre des habitants qui débattent avec eux des thèmes soulevés lors d’interviews qu’ils réalisent. Ce travail leur permet de percevoir l’autre comme un atout et non un obstacle et de construire un projet nourri de leurs différences. Depuis 2010, le projet a été réalisé dans 14 villes européennes.
SNCF soutient l’action du Beit Project depuis 2017. L’école nomade de la citoyenneté a été accueillie par plusieurs gares, en particulier la gare de l’Est à Paris en 2018.
Le site du Beit Project : https://thebeitproject.org/
Théâtre et travail de mémoire
En France, les programmes scolaires prévoient trois moments où les jeunes sont confrontés à la Seconde Guerre mondiale, la Déportation, la Shoah et la mémoire collective : en fin de primaire, de collège et de lycée. Le travail de mémoire en direction des jeunes peut prendre des formes diverses, y compris au travers d’approches artistiques. SNCF a soutenu des projets pédagogiques portant sur des témoignages de la déportation et s’appuyant sur des ateliers-théâtres, associant représentations théâtrales et rencontres pédagogiques. Un travail de coopération avec les enseignants au sein des établissements permet de construire une nouvelle façon d’aborder avec les élèves les thématiques scolaires, en s’appuyant sur les spectacles.
« Qui rapportera ces paroles ? »
Ainsi la compagnie OeilduDo d’Angers a travaillé avec des élèves du second degré sur la tragédie de Charlotte Delbo : « Qui rapportera ces paroles ?», que la compagnie crée le 8 mars 2013, dans le cadre de la célébration du centenaire de la naissance de l’écrivaine.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Charlotte Delbo est résistante au sein du groupe Politzer où elle est notamment chargée de la réalisation des « Lettres françaises », une publication littéraire clandestine. Charlotte Delbo et son mari sont arrêtés le 2 mars 1942. Il sera fusillé au fort du Mont-Valérien. Elle est déportée le 24 janvier 1943 à Auschwitz-Birkenau, avec 229 autres femmes, la plupart engagées comme elle dans la Résistance. Puis elle est envoyée au camp de Ravensbrück en janvier 1944 d’où elle est libérée par la Croix-Rouge en avril 1945. Seules 49 déportées de son convoi auront survécu en 1945.
Écrite en 1966, la pièce relate le quotidien des 230 femmes dans l’enfer du camp, qui sont, au début du spectacle, représentée par 23 personnages féminins. Elles ne seront plus que deux à la fin, pour « rapporter ces paroles ».
La compagnie OeilduDo, sous la direction de Virginie Brochard, a proposé aux élèves de découvrir la parole de celle qui, ayant vécu l’expérience concentrationnaire, témoigne de son horreur mais aussi du courage et de la solidarité des déportées. Une lecture-spectacle de « Ondine, à deux voix humaines » a également été créée, lettre d’adieu de Charlotte Delbo à son époux.
SNCF a soutenu la création de la pièce et le programme pédagogique.
Pour en savoir plus : https://www.cieoeildudo.com/lectures/2013-qui-rapportera-ces-paroles/
« Haïm, à la lumière du violon »
« Haïm, à la lumière d’un violon » est un spectacle créé par la compagnie C(h)aracteres sur la vie de Haïm Lipsky, un juif polonais né à Lodz en 1922 dans une famille ouvrière et qui a échappé à la mort au camp d’Auschwitz grâce à son talent de violoniste. Emigré en Israël après la guerre, il renonce à la musique. Ses enfants et petits-enfants prendront la relève.
Écrite et mise en scène par Gérald Garutti, la pièce mêle un récit et des musiques qui sont interprétées notamment par le petit-fils de Haïm Lipsky, violoniste.
Avec sa compagnie de théâtre, Gérald Garutti a développé à partir de ce spectacle une démarche pédagogique auprès des lycéens d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) où la compagnie est installée : une dizaine de rencontres avec le metteur en scène et l’équipe artistique dans les collèges et lycées d’Aubervilliers, un travail avec les enseignants de quatre classes au sein des établissements, avec les élèves ayant pu assister au spectacle.
SNCF a soutenu les représentations du spectacle en décembre 2012 et janvier 2013, salle Gaveau à Paris, ainsi que le programme pédagogique.
Pour en savoir plus : https://characteres.com/article.php?idspectacle=37
Une petite fille « privilégiée »
Francine Christophe a huit ans et demi en juillet 1942, lorsqu’elle est arrêtée avec sa mère, parce qu’elles sont juives. Internées dans plusieurs camps d’internement français, elles sont déportées le 2 mai 1944 avec d’autres femmes et enfants de prisonniers de guerre juifs, qui sont détenus dans des Oflags en Allemagne. Pour cette raison, ces femmes et ces enfants échappent à Auschwitz mais sont envoyés au camp de concentration de Bergen-Belsen avec le statut d’otages, pour servir de monnaie d’échange aux nazis.
Petite fille « privilégiée », Francine Christophe usera ironiquement de cet adjectif dans le récit écrit à son retour et publié sous ce titre cinquante ans plus tard (Une petite fille privilégiée. Une enfant dans le monde des camps, 1942-1945, Paris, Éditions de l’Harmattan, 1996).
Une adaptation théâtralisée du texte initial a été réalisée par la compagnie TRAC, dans une mise en scène de Philippe Pottier. Elle a été jouée en 2014 au Palais des Rois de Majorque de Perpignan devant plus de 900 élèves de collèges et de lycées, lors d’événements mémoriels sur la Déportation. Le Théâtre du Lucernaire, à Paris, en a donné 40 représentations entre avril et mai 2014.
La compagnie TRAC a proposé un projet pédagogique à partir de ce spectacle en intervenant dans des classes de Troisième et Terminale en Languedoc-Roussillon et en Île-de-France. Une programmation spécialement destinée au public scolaire est établie.
SNCF a été partenaire de la compagnie pour le programme des représentations et l’action pédagogique.
Pour en savoir plus : https://www.theatreonline.com/Spectacle/Une-petite-fille-privilegiee/46010